Patrice Lumumba was one of the first generation of African nationalists who were both militant and strong pan-Africanists. He was elected the first prime minister of the Democratic Republic of Congo. Assassinated by Belgian colonialists and the CIA, Lumumba was a founder member of the Movement National Congolais (MNC), which led the Congo to independence. The image of Patrice Lumumba continues to serve as an inspiration in contemporary Congolese and African politics.

DAWN IN THE HEART OF AFRICA

For a thousand years, you, African, suffered like beast,
Your ashes strewn to the wind that roams the desert.
Your tyrants built the lustrous, magic temples
To preserve your soul, reserve your suffering.
Barbaric right of fist and the white right to a whip,
You had the right to die, you also could weep.
On your totem they carved endless hunger, endless bonds,
And even in the cover of the woods a ghastly cruel death
Was watching, snaky, crawling to you
Like branches from the holes and heads of trees
Embraced your body and your ailing soul.
Then they put a treacherous big viper on your chest:
On your neck they laid the yoke of fire-water,
They took your sweet wife for glitter of cheap pearls,
Your incredible riches that nobody could measure.
From your hut, the tom-toms sounded into dark of night
Carrying cruel laments up mighty black rivers
About abused girls, streams of tears and blood,
About ships that sailed to countries where the little man
Wallows in an ant hill and the dollar is king,
To that damned land which they called a motherland.
There your child, your wife were ground, day and night
In a frightful, merciless mill, crushing them in dreadful pain.
You are a man like others. They preach you to believe
That good white God will reconcile all men at last.
By fire you grieved and sang the moaning songs
Of a homeless beggar that sinks at strangers’ doors.
And when a craze possessed you
And your blood boiled through he night
You danced, you moaned, obsessed by father’s passion.
Like furry of a storm to lyrics of a manly tune
From a thousand years of misery a strength burst out of you
In metallic voice of jazz, in uncovered outcry
That thunders through he continent like gigantic surf.
The whole world surprised , wakes up in panic
To the violent rhythm of blood, to the violent rhythm of jazz,
The white man turning pallid over this new song
That carries torch of purple through the dark of night.

The dawn is here, my brother! Dawn! Look in our faces,
A new morning breaks in our old Africa.
Ours alone will now be the land, the water, mighty rivers
Poor African surrendered for a thousand years.
Hard torches of the sun will shine for us again
They’ll dry the tears in eyes and spittle on your face.
The moment when you break the chains, the heavy fetters,
The evil cruel times will go never to come again.
A free and gallant Congo will rise from black soil,
A free and gallant Congo-black blossom from black seed!

Pleure, O Noir Frère bien-aimé

O Noir, bétail humain depuis des millénaires
Tes cendres s’éparpillent à tous les vents du ciel
Et tu bâtis jadis les temples funéraires
Où dorment les bourreaux d’un sommeil éternel.
Poursuivi et traqué, chassé de tes villages,
Vaincu en des batailles où la loi du plus fort,
En ces siècles barbares de rapt et de carnage,
Signifiait pour toi l’esclavage ou la mort,
Tu t’étais réfugié en ces forêts profondes
Où l’autre mort guettait sous son masque fiévreux
Sous la dent du félin, ou dans l’étreinte immonde
Et froide du serpent, t’écrasant peu à peu.
Et puis s’en vint le Blanc, plus sournois, plus rusé et rapace
Qui échangeait ton or pour de la pacotille,
Violentant tes femmes, enivrant tes guerriers,
Parquant en ses vaisseaux tes garçons et tes filles.
Le tam-tam bourdonnait de village en village
Portant au loin le deuil, semant le désarroi,
Disant le grand départ pour les lointains rivages
Où le coton est Dieu et le dollar Roi
Condamné au travail forcé, tel une bête de somme
De l’aube au crépuscule sous un soleil de feu
Pour te faire oublier que tu étais un homme
On t’apprit à chanter les louanges de Dieu.
Et ces divers cantiques, en rythmant ton calvaire
Te donnaient l’espoir en un monde meilleur…
Mais en ton cœur de créature humaine, tu ne demandais guère
Que ton droit à la vie et ta part de bonheur.
Assis autour du feu, les yeux pleins de rêve et d’angoisse
Chantant des mélopées qui disaient ton cafard
Parfois joyeux aussi, lorsque montait la sève
Tu dansais, éperdu, dans la moiteur du soir.
Et c’est là que jaillit, magnifique,
Sensuelle et virile comme une voix d’airain
Issue de ta douleur, ta puissante musique,
Le jazz, aujourd’hui admiré dans le monde
En forçant le respect de l’homme blanc,
En lui disant tout haut que dorénavant,
Ce pays n’est plus le sien comme aux vieux temps.
Tu as permis ainsi à tes frères de race
De relever la tête et de regarder en face
L’avenir heureux que promet la délivrance.
Les rives du grand fleuve, pleines de promesses
Sont désormais tiennes.
Cette terre et toutes ses richesses
Sont désormais tiennes.
Et là haut, le soleil de feu dans un ciel sans couleur,
De sa chaleur étouffera ta douleur
Ses rayons brûlants sécheront pour toujours
La larme qu’ont coulée tes ancêtres,
Martyrisés par leurs tyranniques maîtres,
Sur ce sol que tu chéris toujours.
Et tu feras du Congo, une nation libre et heureuse,
Au centre de cette gigantesque Afrique Noire.

Patrice Lumumba just before his assassination – The darkest Day in Congo

La dernière lettre de Patrice Lumumba à sa femme

Ma compagne chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.

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